« (…) j'ai aperçu dans le virage au loin la berline noire qui arrivait vers nous à fond les ballons. Un instant j'ai même pensé que, comme dans les films, il allait falloir que l'on se jette sur le côté pour ne pas se faire renverser et j'imaginais encore un titre façon Paris-Normandie : « Gaillon : Le corbillard fini sa course folle dans la grille du cimetière »
C'est l'histoire d'un père et de sa fille. Un père imposant, unijambiste, alcoolique, violent avec sa femme, le contraire d'un héros, un « nobody » comme le nomme sa fille. Ce récit débute par la mort du père mais par la grâce de l'écriture, on échappe au tragique.
Derrière l'image d'un père qui écrase tout, se profile entre les lignes, une autre image, celle d'un homme tendre, tout en nuance, un érudit. Que sait-on vraiment de ceux qui disparaissent et dont on ne connaît qu'un aspect ? Pas grand-chose, sauf si, comme Anne Pauly, on mène une enquête pour comprendre et accepter.
Le livre est écrit par une fille énervée que son père, malade dans un hôpital anonyme, meurt et soit enterré dans un cimetière anonyme.
Pour elle, toutes les vies méritent d'être racontées, elles ont toutes leur part de grandeur et de poésie. C'est là le cœur du récit : réhabiliter ce père et le raconter d'une façon émouvante et cocasse à la fois. L'auteure retrace l'histoire d'une vie pas si ordinaire d'une écriture proche de l'oralité par son coté trash ou humoristique et littéraire par sa mélancolie et sa poésie.