Une nuit en enfer

À moitié allongée entre le siège passager et la portière, j’observe du coin de l’œil le compteur de la voiture. L’autoroute est limitée à 130kms/h mais Sébastien a pris la mauvaise habitude de ne pas respecter la vitesse autorisée. Comme je veux arriver vivante et sans encombre au terrain de camping, j’ai décidé qu’il était de mon devoir de veiller à ne pas être flashés par l’un des multiples radars présents sur notre route.

-        Seb, ralentis… » lui dis-je en remarquant que nous approchons dangereusement des 140 kms/h.

Avec un soupir, il revient à une allure plus décente.

-        C’est bon… Clarisse ! Lâche-le un peu, maugrée Laure, étalée sur la banquette arrière. On n’allait pas si vite que ça ! Et puis de toute façon, plu vite on arrivera, mieux ce sera. Je commence à en avoir marre de rouler.

-        Je te signale que c’est moi qui conduis depuis ce matin, lui rappelle Sébastien en souriant. Mais ne t’inquiète pas, on est bientôt arrivés.

         Je retiens un soupir de soulagement. J’aime énormément Sébastien, et je sais que sa vieille voiture est ce qu’il a de plus précieux, mais ce n’est pas vraiment le moyen de transport le plus agréable pour les longs trajets. Sébastien enclenche le clignotant et oblique vers la sortie indiquant Tours. Je me redresse sur mon siège pour retrouver une meilleure position ; à l’arrière, Laure ouvre sans la moindre délicatesse un paquet de bonbons.

         Autour de nous, la nuit commence lentement à tomber. Le ciel a troqué sa belle couleur azurée qui nous a accompagnés toute la journée pour des teintes rosées et pourpres. Les étoiles y naissent une à une et le parsèment d’une multitude de petites lumières. Je ferme les yeux un instant, songeant avec délice au petit lit douillet qui m’attend dans notre bungalow. Demain, nous pourrons aller à la piscine pour profiter du plaisir de nous baigner dans une eau chauffée même au mois de février, puis nous lézarderons au soleil tout l’après-midi. Lorsque je rentrerai à la maison dans une semaine, j’aurais prouvé à mes parents que je peux me montrer responsable et que Sébastien est digne de confiance. Il est la seule personne majeure parmi nous, et mes parents ont beaucoup hésité à me laisser partir, mais ils vont bien devoir comprendre que je l’aime et qu’ils ne pourront pas contrôler mes agissements tout le restant de mes jours.

                                     

         À présent, le noir nous a entièrement enveloppés. La voiture a quitté les axes principaux pour s’enfoncer plus profondément dans la forêt et seule la lumière des phares éclaire les environs. Prise d’un soudain frisson, je remets ma veste. En plus d’être inconfortable, cette carriole laisse entrer tous les courants d’air.

-        Seb, tu peux mettre le chauffage ? Demande Laure comme si elle avait lu mes pensées.

Il acquiesce en tourne le bouton, mais rien ne change. Je hausse les sourcils, surprise. J’espère que ce n’est pas le début d’une panne… Sébastien recommence un peu plus fort, mais toujours rien : aucun bruit signifiant que le chauffage ne se soit mis en marche. Prise d’un doute, je tente d’ouvrir ma fenêtre seulement là encore, quelque chose semble bloquer le mécanisme.

-        Quelque chose ne va pas.

-        Je sais, je ne comprends pas ce qu’il se passe.

        

         Un mauvais pressentiment me prend à la gorge. Soudain, le tableau de bord se met à clignoter furieusement. Sébastien jure, se penche au-dessus de lui et se met à lui assener de légers coups de poing tandis que je me retourne vers Laure, qui se met à hurler.

-        Seb ! Attention !

Je me remets face à la route, juste à temps pour apercevoir une forme sombre cogner contre le pare-brise et passer par-dessus la voiture. Le bruit des freins me vrille les oreilles. En état de choc, je ne réalise pas tout de suite ce qu’il vient de se passer, et puis je comprends : nous venons de renverser quelqu’un.

La voiture s’arrête enfin et nous restons là tous les trois, sans bouger. Lentement, j’ose enfin tourner la tête vers Sébastien. Les lumières du plafonnier se sont mises en marche : ils éclairent son visage livide et sa mâchoire crispée. Quant à ses mains, elles enserrent si fort le volant que ses jointures sont devenues blanches.

-        Clarisse… commence-t-il.

-        Est-ce que c’était… Est-ce que c’était… balbutie Laure.

-        Un homme, la coupé-je d’une voix blanche.

-        On vient de renverser quelqu’un… On vient de renverser quelqu’un…

-        Il faut aller voir, déclare Sébastien, reprenant ses esprits.

-        Quoi ? Ne sois pas stupide, on doit partir le plus vite possible ! M’exclamé-      je en l’empêchant de sortir de la voiture.

-        Il n’est peut-être pas mort !

         Il me repousse alors et ouvre sa portière avant de disparaître entre les ombres. Je me laisse tomber contre mon siège. Je tremble à nouveau, mais la cause de ces frissons n’est plus le froid : c’est la peur. Je n’arrive plus à penser clairement, et des milliers d’émotions toutes plus indéfinissables les unes que les autres m’envahissent lorsque je songe aux conséquences de cet accident. Nous venons sûrement de tuer quelqu’un, un homme qui avait une famille, des amis. Cette seconde d’inattention ne vient pas de détruire une vie, mais plusieurs.

-        Clarisse ! Laure !

La voix terrifiée de Sébastien nous parvient, me soustrayant à mes pensées morbides. Sans réfléchir, je sors à mon tour de la voiture pour le rejoindre et j’entends Laure faire de même derrière moi.

-        Qu’est-ce que…

L’incompréhension m’empêche de poursuivre. Grâce à la lumière de son téléphone, Sébastien a éclairé les alentours pour pouvoir trouver l’homme plus facilement. Sauf qu’il n’y a personne. Du sang macule bel et bien la chaussée, mais aucune trace de corps.

-        Il devrait être là, déclare Laura.

-        Tu crois qu’il a pu s’en aller ?

-        Vu la vitesse à laquelle on allait lorsqu’on l’a heurté, ce serait un miracle s’il          parvenait à se lever, répond Sébastien.

-        Mais pourquoi il n’est pas là ?

La peur me rend irritable et acerbe. Je ne comprends pas comment cette escapade idyllique a pu se transformer en une histoire de meurt, et cela me met au bord de la crise de nerf. Ces vacances sont supposées être parfaites !

-        Bon, on n’a plus aucune raison de rester ici, pas vrai ? Alors allons-y !

Personne ne répond et, d’un même mouvement, nous remontons dans la voiture. Sébastien tourne la clé de contact. Je tente de me dire que tout cela n’est qu’un cauchemar, que nous allons bientôt arriver au camping… sauf que la voiture ne démarre pas. Laure laisse échapper un gémissement plaintif et une vague de colère m’envahit. Pourquoi est-ce que tout semble s’acharner sur nous ?

-        Peut-être qu’il a abîmé quelque chose, dit Sébastien en ressortant.

-        Il y a du sang sur le pare-brise, qu’est-ce que tu veux de plus ? Il n’est pas arrivé là tout seul ! Lui fais-je remarquer, montrant du doigt les gouttelettes rouges éparpillées çà et là sur la vitre.

Sébastien réapparaît et se laisse tomber sur son siège.

-         Je ne comprends pas, ça devrait marcher…

-        On va devoir passer la nuit ici ? S’étrangle Laure.

-        Sauf si tu as envie de faire une promenade en forêt. Tu as essayé d’appeler une dépanneuse ? Poursuivis-je à l’attention de Sébastien.

-        Il n’y a pas de réseau…

         Contraints de rester dans la voiture jusqu’au matin, nous essayons de trouver des positions un peu plus confortables ; mais la pensée qu’en ce moment, un homme à moitié mort se balade dans les bois m’empêche de dormir. Dès que je ferme les yeux, je revois le choc, je ressens à nouveau la peur et l’incompréhension. Vers deux heures du matin, alors que je sombre à peine dans un demi-sommeil, un hurlement me sort de ma somnolence.

-        Quoi ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

-        Je l’ai vue ! Elle était là, sur ma portière !

-        Laure, qu’est-ce que tu as vu ? Demande Sébastien.

-        Une main… une main ensanglantée … sur ma vitre…

Je me penche pour voir si elle dit vrai, et suis immédiatement prise par un violent haut-le-cœur. L’empreinte d’une main tachée de sang est bel et bien présente sur le double vitrage. Je serre les paupières pour tenter d’échapper à cette vision d’horreur, mais l’image est comme imprimée à jamais sur ma rétine.

-        Tu… tu crois que c’est…

Je n’ai pas besoin de finir ma phrase pour savoir que tout le monde a compris. Je croise le regard de Sébastien, espérant y trouver du réconfort, mais je n’y croise que de la peur. Soudain, la voiture se met à tanguer, si violemment que j’ai l’impression qu’elle va se renverser. Un cri de terreur m’échappe. Puis, plus rien.

-        C’était quoi, ça ? S’affole laure.

-        Tu crois que c’est lui ?

-        Impossible, ça venait de sous la voiture, répond Sébastien.

         J’ai la bouche sèche, mon cœur tambourine dans ma poitrine, je suis sur le point de vomir. Je ne me souviens pas avoir déjà ressenti pareil effroi et mal-être. Et si l’homme nous en voulait de ne pas l’avoir aidé ? Et si son esprit revenait pour nous torturer jusqu’à notre mort ? Tu regardes trop de films d’horreur me dis-je à moi-même. Pourtant, c’est là que j’ai l’impression d’être : dans un film d’horreur. Complètement réveillée, j’entends distinctement tous les bruits de la forêt. Ils me parviennent tous amplifiés et chaque craquement se transforme dans mon esprit en un terrible grondement. À tout moment, je m’attends à voir surgir des corps à moitié vivants, des ombres fantomatiques ou autres créatures imaginaires. À côté de moi, Sébastien a les yeux fixés sur quelque chose d’invisible ; peut-être espère-t-il percer du regard les ténèbres nous environnant. Ou peut-être espère-t-il simplement être toujours là demain matin.

         C’est en me réveillant que je réalise m’être finalement assoupie. Immédiatement, je tourne la tête pour vérifier que mes amis sont toujours là. C’est avec un soulagement sans nom que je les trouve endormis à mes côtés. Jetant un coup d’œil par la fenêtre, je me rends compte que les bois paraissent bien moins effrayant une fois le jour levé. Pourtant, alors que je regarde autour de moi, quelque chose me semble différent. Je réalise vite qu’il n’y a plus aucune trace de sang sur le pare-brise. Surprise, je sors de la voiture et la contourne. La route est comme neuve : là non plus, aucun signe des évènements d’hier soir.

-        Seb, Laure, réveillez-vous !

-        On est toujours vivants ? demande Laure d’une voix pâteuse

Je leur fait le récit de mes « découvertes », ce qui a pour conséquence de les réveiller.

-        Essaie de démarrer la voiture, dis-je à Sébastien.

Il s’exécute et, immédiatement, le moteur se met en route. Nous échangeons un regard quelque peu incrédule. Nous savons tous les trois que nous n’avons pas rêvé : tout ce qui s’est passé hier était bien réel. Mais, d’un accord tacite, nous décidons de ne pas aborder le sujet.

-        Partons d’ici, déclarais-je.

Sébastien fait gronder le moteur et nous reprenons notre route, bien décidés, cette fois, à arriver au camping. Malgré tout, alors que nous quittons enfin la forêt, j’ai le sentiment que ce que nous avons vécu cette nuit va nous hanter encore longtemps.

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Le mois de novembre était arrivé rapidement. Nous étions partis tôt le matin mais la pluie nous avait surpris bien avant midi. A la fin de l’après-midi seulement, nous avions planté notre tente. Nous n’étions pas à l’endroit exact que nous avions imaginé, mais dans tous les cas, nous étions dans la bonne forêt. Quand la pluie s’arrêterait, on sortirait : la lune de sang allait comme tous les ans apparaître. On l’appelait la lune du chasseur ou « de sang » car elle était plus rouge cette nuit-là. Voilà pourquoi les chasseurs sortaient. Cette année elle était arrivée tard. Elle éclairait davantage. Nous voulions y aller car la légende affirmait que des choses extraordinaires ou maléfiques arrivaient à cette occasion.

- Lilly réveille-toi ! dit Matéo.

- Tais-toi et monte cette tente ! le réprimanda Maé. Baptiste donne-moi les sacs de couchage et les tapis de sol, ajouta-t-il.

- Oui chef ! Dit Baptiste et on éclata tous de rire.

         Plus tard on s’endormit rapidement. Au réveil, le brouillard cachait l’horizon. Je sortis faire pipi derrière un buisson. À mon retour, je vis que la tente était vide, personne... J’y entrai malgré tout. Un hurlement retentit au-dehors et j’en sortis à toute vitesse. Personne, pas de trace de pas, rien du tout, à peine le bruit de la brise dans les arbres. La lune était haute dans le ciel sans étoile. Elle était rouge. Je me souvins qu’on avait eu l’idée de camper dans un champ au milieu d’une forêt, y avait personne aux alentours. Je me retournai pour rentrer à nouveau dans la tente mais je ne vis plus rien même pas la marque de l’herbe écrasée. A la place, il y avait une tache blanche bizarre comme… un fantôme, un fantôme qui n’avait aucune ressemblance avec un humain, comme une tache, mais jolie. Je m’approchai doucement d’elle jusqu’à m’en envelopper toute entière. Une douce chaleur m’envahit alors au lieu de la froideur hivernale de la nuit. Et puis tout à coup, les sons de la forêt se firent nets, un groupe de cerfs se promenant dans la forêt, des pas précipités, une meute de loups affamés qui venaient de trouver des proies qui... qui... mes amis sont en danger. La tache qui m’enveloppe est devenue noire avant de disparaitre. Mes amis sont en danger. Je ne vais pas vous mentir en vous disant qu’à ce moment-là, une vague de courage se propagea en moi. Le fait simple de savoir que des êtres chers étaient en péril suffit à me désarçonner.

         J’avais froid, très froid mais je me précipitai quand même dans les profondeurs de la forêt sombre juste éclairée par la lune rouge. Je courrais à présent, quelqu’un venait en sens inverse poursuivit par des formes plus petites qui criaient.

- Lilly cours ! Cria Maé.

Me retournant je me mis à courir pour échapper au loup. Comme par hasard, le cour de SVT me revint alors en mémoire :

« Les animaux carnivores terrestres tel que le loup et l’ours sont souvent à terre et ne grimpent pas aux arbres car leur but est de se nourrir rapidement. La vitesse est donc privilégiée »

- Maé ! Grimpe à un arbre vite ! Dis-je, tout en courant.

Un grand chêne se dressa devant nous. J’attrapai son tronc sans ralentir, puis l’escaladai. Maé fit de même, les loups arrivaient à notre hauteur.

- Vite! Cria Maé. Les loups venaient de m’arracher une chaussure.

         On s’arrêta à deux mètres cinquante du sol car les branches devenaient trop fines et ne supportaient pas notre poids. Abattus, les loups partirent à la recherche d’une autre proie. Un hurlement suivi d’autres hurlements me terrorisèrent. Puis Maé me tapota l’épaule.

- Quoi ? Dis-je d’une voix tremblante.

- Tu dois mourir ! Dit-elle comme si elle venait de m’apprendre qu’elle m’avait emprunté un stylo.

Puis elle me poussa de l’arbre. Au moment où je touchai le sol, des loups par dizaines se jetèrent sur moi, mêlant sang, fourrure, crocs et griffes.

- Ahhhh !!!  Je me réveillai alors dans la tente prise de panique… et seule... Tout ça n’était qu’un rêve.

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La plage

Nous étions à la plage du matin jusqu’au soir. C’était le mois de juin. Il faisait chaud. Ce jour-là, nous avions décidé de passer la nuit au bord de la mer. Seulement, quand le soir arriva, nous n’avions pas de couverture. Malgré ça, nous admirions la lune, allongés sur le sable. Le lendemain, quand nous nous sommes réveillés, il manquait un des nôtres : Jérémy n’était plus parmi nous. À l’endroit où il s’était endormi, il y avait des traces de sang que le sable n’avait pas entièrement bues. Nous avons appelé la police pour signaler la disparition. Nous avons expliqué que nous avions fait une petite sieste et que nous nous étions endormis. Nous ne savions pas quoi dire de plus. La police nous suspectait. L’un après l’autre, nous avons subi un interrogatoire. Pourtant, on nous relâcha dans la nature.

         En retournant chez nous, il nous sembla apercevoir la silhouette de notre ami au loin. Mais elle disparut au coin de la rue et même en courant, nous n’avons vu personne. Finalement, nous l’avons retrouvé devant la boulangerie : il était couvert de sang des pieds à la tête. Nous sommes restés bouche bée. Il s’est approché de nous avec un couteau et nous sommes partis en courant. Puis il s’est arrêté tout à coup, en nous reconnaissant.

         Nous avons commencé à parler. Il nous a alors raconté son horrible aventure : il s’était fait kidnappé par ses anciens copains ; ils étaient trois contre lui et l’avaient battu à mort. Il avait réussi à s’échapper, mais c’était fini pour lui, il était passé dans l’autre monde. Il n’était plus qu’un fantôme. Il devait nous dire Adieu. Quelques-uns ont déménagé. J’habite toujours au même endroit. Parfois je repasse devant la plage isolée où nous avons passé une nuit, une nuit qu’aucun de nous ne pourra oublier.

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L'abri de la forêt

Un jour, je me promenais dans la forêt. J’avais décidé de faire du VTT. J’étais seul. Le temps était ensoleillé. On était au mois de mars, les bourgeons s’ouvraient pour laisser naître des feuilles jeunes et vertes. La fin de la journée arriva et je ne trouvais plus mon chemin. La nuit commença à tomber. Je pensais à mes parents, à ma maison et tous me manquaient. Je les imaginais en train de s’inquiéter mais je n’avais pas le choix et je commençai à chercher un abri et à faire un feu de camp.

Je ramassai du bois et allumai des morceaux de papier trouvés froissés en boule dans mon sac à dos. Enfin, je me couchai. En pleine nuit, j’eus chaud et je voulus ouvrir la fenêtre. Mais derrière la vitre, je vis quelqu’un qui regardait vers l’intérieur. Je n’étais pas sûr : était-ce une personne ou une bête ? Et je me cachai sans réfléchir. Quand je sortis enfin de ma cachette, il n’y avait plus personne. Je me recouchai sans plus y penser mais le lendemain, au niveau de la fenêtre je vis des empreintes énormes sur le sol. Pressé de partir, je réunis mes affaires et cherchai le chemin du retour. Je ne mis pas longtemps à retrouver notre maison. Aujourd’hui, dix ans après, je ne sais toujours pas ce qui s’est passé cette nuit-là.

Adrien Une Nuit en pleine nature

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Une nuit à la belle étoile

Je connaissais Juliette depuis deux ans déjà. Je l’avais rencontrée au collège. J’aimais son humour et la confiance en elle qu’elle dégageait. Très vite, nous sommes devenues inséparables. À la fin de notre classe de quatrième, nous décidâmes de passer l’été ensemble : nous aurions ainsi le temps de mieux nous connaître.

Nous étions en Auvergne pour les vacances entières, reçus par ses grands-parents. Ils étaient bourrus mais accueillants et chaleureux. Nous ne voyions pas le temps passer, les journées paraissaient si courtes que nous n’étions pas certaines le soir de les avoir vraiment vécues. Un soir de juillet, Juliette et moi décidâmes d’aller dormir à la belle étoile. Depuis notre arrivée, nous rêvions de cette soirée sans doute exceptionnelle. Nous avions tout planifié, notre repas, le matériel nécessaire et la destination. Nous devions séjourner dans un grand champ à l’abri du vent. Ce soir était le grand soir. Nous avions prévu de partir tôt et de traîner, mais une fois en route, nous étions si impatientes que nous nous mîmes à courir à toutes jambes pour atteindre notre petit paradis. La vue portait jusqu’à un grand lac entouré de collines derrière lesquelles le soleil se couchait. Nous apercevions vaguement la lune et quelques étoiles commençaient à apparaître.

C’était incroyable cette sensation de liberté, de se sentir coupé du monde qui nous entoure, mais aussi les éléments naturels et la beauté de ces simples choses. Tout ça entraînait une remise en question sur nos choix, notre personne, nos parcours. C’était un « grand bol d’air frais » qui nous ramenait à la réalité et qui nous rappelait qui l’on est et d’où l’on vient.

Nous avons monté la tente, puis nous avons fait un feu de camp pour nous réchauffer. Pendant que Juliette faisait le tour du lac, je m’assis pour regarder tout ce qui m’entourait. Les arbres semblaient hauts et imposants. Au sol, l’herbe était sèche à certains endroits. La lune continua son ascension et finit par illuminer la surface de l’eau jusqu’au moindre recoin. Quand mon amie revint, nous parlâmes encore un peu puis nous nous endormîmes sans manger. Nous nous étions nourries de tant de beauté que notre estomac paraissait le cadet de nos soucis.

Le lendemain, nous fûmes réveillées par le soleil qui éclairait notre tente. Nous sortîmes pour observer ce bel endroit dès le matin sous ses différents angles. Il faisait tellement bon que nous décidâmes d’aller nous baigner et de déjeuner au bord du lac. Nous finîmes pars rentrer en fin d’après-midi, après de longues discussions et de grands moments de rigolades. Difficile pour nous deux d’oublier cet été et cette nuit si particulière en compagnie du lac.

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